Article rédigé sous toutes réserves
La bibliographie relative à l’Ordre du Temple est surabondante mais scientifiquement et historiquement parfois douteuse.
L’Ordre du Temple alimente, avec notamment les Cathares et Jeanne d’Arc, l’un des filons inépuisables de la pseudo-histoire, celle qui a pour but d’offrir à des lecteurs avides, leur ration de mystères et de secrets.
Cet article se veut succinct et vous laisse le soin d’approfondir tel ou tel point.
Origines, faits déclencheurs
Le pape Urbain II prêcha la première croisade le 27 novembre 1095, dixième jour du Concile de Clermont.
La motivation du pape à voir une telle expédition militaire prendre forme venait du fait que les pèlerins chrétiens se dirigeant vers Jérusalem étaient souvent victimes d’exactions voire même d’assassinats.
Le pape demanda donc au peuple chrétien d’Occident de prendre les armes afin de venir en aide aux chrétiens d’Orient.
Cette croisade eut alors comme cri de ralliement « Deus Vult » « Dieu le veut ! » et tous ceux prenant part à la croisade furent marqués par le signe de la croix, devenant ainsi les croisés.
Cette action se solda le 15 juillet 1099 par la prise de Jérusalem par les troupes chrétiennes de Godefroy de Bouillon.
Hugues de Payns, futur fondateur et premier maître de l’Ordre du Temple, vint pour la première fois en Terre Sainte en 1104 pour accompagner le comte Hugues de Champagne, alors en pèlerinage. Ils en revinrent en 1107.
L’Ordre du Temple
La foi chrétienne défendue par la puissance militaire.
Cet ordre, religieux et militaire, fut créé lors du concile de Troyes, convoqué par le pape Honorius II en 1129, à partir d’une milice appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, créée en 1120 par le Concile de Naplouse présidé par le roi Baudouin II de Jérusalem et le Patriarche latin de Jérusalem Gormond de Picquigny.
– La règle du Temple publiée pour la Société de l’Histoire de France par Henri de Curzon en 1886.
– L’Éloge de la Nouvelle Milice (De laude novae militiae) est une lettre que St. Bernard de Clairvaux (cistercien 1090-1153) envoya à Hugues de Payns (1129 ?).
Il œuvra pendant les XIIe et XIIIe siècles à l’accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem dans le contexte de la guerre sainte et des croisades. Il participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la reconquête ibérique.
Afin de mener à bien ses missions et notamment d’en assurer le financement, il constitua à travers l’Europe chrétienne d’Occident et à partir de dons fonciers, un réseau de monastères appelés commanderies. Cette activité soutenue fit de l’ordre un interlocuteur financier privilégié des puissances de l’époque, le menant même à effectuer des transactions avec certains rois ou à avoir la garde de trésors royaux.
Après la perte définitive de la terre sainte consécutive au siège de Saint-Jean-d’Acre en 1291, l’ordre fut victime de la lutte entre la papauté et le roi de France, Philippe IV dit Philippe le Bel ou le Roi de fer, mais surtout de l’acharnement de ce dernier.
Il fut dissous par le pape Clément V le 13 mars 1312 à la suite d’un procès en hérésie, simonie, sodomie et idolâtrie. La fin tragique de l’ordre mena à nombre de spéculations et de légendes sur son compte.
Un certain nombre d’aspects de l’histoire de l’Ordre du Temple sont à l’origine des légendes apparues à son sujet :
• La puissance, la richesse et l’influence de l’ordre.
• Sa fin tragique et soudaine.
• Les accusations portées lors du procès, et « confirmées » par les aveux obtenus sous la torture.
• La malédiction proférée par le grand maître et popularisée par Maurice Druon dans son célèbre roman « Les Rois maudits ».
• Que préalablement prévenu qu’une machination s’organisait contre l’ordre, il avait tout organisé et que l’on ne trouva que partiellement ses fabuleuses richesses et ses documents dans les commanderies.
Entre la chute des Templiers et le XVIIIe siècle, se développent deux idées assez contradictoires : celle de l’innocence de l’ordre vis-à-vis des accusations qui avaient été portées contre lui, et, celle d’un ésotérisme templier.
Maîtres de l’Ordre du Temple (23)
Hugues de Payns • Robert de Craon • Évrard des Barrès • Bernard de Tramelay • André de Montbard • Bertrand de Blanquefort • Philippe de Milly • Eudes de Saint-Amand • Arnaud de Toroge • Gérard de Ridefort • Robert IV de Sablé • Gilbert Hérail • Philippe du Plaissis • Guillaume de Chartres • Pierre de Montaigu • Armand de Périgord • Richard de Bures • Guillaume de Saunhac • Renaud de Vichiers • Thomas Béraud • Guillaume de Beaujeu • Thibaud Gaudin • Jacques de Molay
Mon avis
On peut penser, avec le recul qu’offre l’histoire, qu’il y avait chez les templiers du très bon et du moins bon.
Certains les voient comme les chevaliers du Christ, d’autres comme des sanguinaires libidineux.
On a tout écrit sur eux, on a brodé, inventé, construit une légende ou voulu les salir.
En deux siècles d’existence l’Ordre du Temple n’a produit aucun personnage historiquement remarquable, doté d’un charisme puissant. Il n’a pas produit non plus d’écrivain, d’historien, de philosophe ou de théologien.
L’Ordre du Temple semble avoir suivi les préceptes de l’Église catholique romaine en vigueur à l’époque, hors de tout ésotérisme propre avec cependant une ouverture à différents courants ou expressions de la religion et une doctrine qui visait à créer une initiation et une hiérarchie sociale.
De nos jours, l’héritage de l’Ordre du Temple ne peut être qu’initiatique en l’absence, semble-t-il, de filiation sérieuse et ininterrompue.
Héritiers autoproclamés
L’ordre du Temple a engendré bien des avatars, tel l’Ordre du Temple Solaire (OST) qui a conduit ses membres à s’entre-tuer dans les années 1990. Mais d’autres mouvements néo-templiers ne vont pas jusqu’à de telles extrémités.
N’oublions pas que de nombreux courants maçonniques revendiquent, même symboliquement, une origine templière.
Plusieurs filiations se disputent l’héritage templier :
• La filiation du comte François de Beaujeu, neveu de Jacques de Molay.
• La filiation de Pierre d’Aumont, commandeur d’Auvergne, dans le prolongement de celle de Beaujeu.
• La filiation de Jean-Marc Larménius, commandeur de Jérusalem, qui aurait été désigné par Jacques de Molay comme futur grand maître.
• La filiation de Geoffroy de Gonneville qui aurait été désigné par Jacques de Molay comme successeur.
• …
Par exemple, Bernard-Raymond Fabré-Palaprat 1773-1838 (médecin et franc-maçon, membre de la loge des Chevaliers de la Croix au sein du Grand Orient de France) se revendique de la filiation Larménius et crée en 1804 un Ordre du Temple et une Église Johannite des Chrétiens Primitifs.
– L’Ordre du Temple
– L’Ordre Secret du Temple (OST)
Mais nous trouvons également :
– L’Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolymitani (OSMTH) et le Grand Prieuré de France (OSMTH France)
– L’Ordre des Veilleurs Du Temple (OVDT)
– L’Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem (OSMTJ)
– Le Grand Prieuré de France du Temple de Jérusalem (GPFTJ)
– L’Ordre Souverain du Temple de Jérusalem (OSTJ)
– La Stricte Observance Templière (SOT) ou Ordre Illustre de la Stricte Observance Templière (OISOT)
– L’Ordre Suprême et Militaire des Chevaliers de Salomon (OSMCS International)
– …
Motards Templiers
Les clubs de motards ne revendiquent pas un quelconque héritage de l’Ordre du Temple, mais en utilisent pour partie l’histoire, la symbolique ou la légende qu’ils adaptent à leurs propres objectifs.
– Templar Knights Motorcycle Club
– Knights Templar Motorcyclist Charity Organization (KTMCO)
– Médievial MC
– Brothers Templar
– …
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